vendredi 12 mai 2017

[L'étagère à univers] Marquer les ombres t1 - Veronica Roth

464 pages (Editions Nathan) - 5/5



Dans une galaxie où flottent différentes planètes abritant chacune une civilisation, une en particulier est victime de tensions intrinsèques entre deux peuples, l'un (les Shotet) ayant colonisé la planète de l'autre (les Thuvésits).

Or, parmi eux, certains individus sont dotés de dons. Quand Akos, un Thuvésit, est mené au service de Cyra, une Shotet, ils seront contraints de s'entraider, malgré leurs oppositions, pour lutter contre la folie meurtrière du frère de celle-ci.




« Je n'ai pas choisi le sang qui coule dans mes veines.
Pas plus que tu n'as choisi ton destin.
Toi et moi, nous sommes devenus ce qu'on nous a fait devenir. »


En bref... une lecture palpitante avec des personnages attachants, une fois les premières pages passées, celles-ci étant parfois difficiles à comprendre à cause d'un univers très -trop- dense mais qui laisse de nombreuses pistes à explorer par la suite.


J'attendais avec impatience le retour de Veronica Roth et, à la lecture des premières pages, cela était mal parti… Je dois avouer que je n'ai pas été embarquée par Marquer les ombres -titre soit dit en passant que je n'apprécie pas, mais je préfère le titre original Carve The Mark, soit "Graver les marques", qui s'accorde mieux avec l'histoire- dès le début. En effet, les premiers chapitres sont consacrés à Akos et rédigés à la troisième personne… ce que à quoi j'ai souvent du mal à accrocher, et cette fois-ci n'y a pas fait exception. Néanmoins, les chapitres suivants centrés sur Cyra et rédigés à la première personne m'ont complètement intriguée et je suis enfin rentrée dans l'histoire… et l'univers. 

En effet, l'univers est très complexe, voire trop à prime abord. Les noms sont compliqués et j'ai eu tendance à confondre les différentes nations. Une fois cela enfin assimilé, tout ce qui paraît, jusque là, assez négatif est vite oublié : ce livre est une pure merveille et la lecture devient de plus en plus intéressante au fil des pages. L'intrigue est en même temps classique (des destins écrits à l'avance) mais en même temps originale car elle s'inscrit dans un nouvel univers vraiment détaillé et travaillé qui fournit aux personnages des caractéristiques particulières. Si, au début, elle se concentre sur la présentation de l'univers et du contexte, puis l'évolution des personnage, le nœud de l'intrigue survient ; ainsi, j'ai eu l'impression que le livre était divisé en deux parties : la partie de soumission des personnages à leur destin, puis la partie de rébellion. Là, on retombe certes dans un schéma classique, cette dualité subsiste jusqu'à la fin, et c'est la véritable valeur ajoutée de la ligne directrice de ce roman. Les deux restent intrinsèquement liés à cause de l'évolution des personnages. Cette partie psychologique est ce qui m'a le plus intriguée, ce qui a rendu certaines parties assez longues, notamment l'élaboration des différents plans d'action. Ces scènes sont certes nécessaires, peut-être auraient-elle pu être quelque peu raccourcies. Les scènes d'action en revanche sont parfaitement bien écrites et décrites, suffisamment pour être plausibles, même si, pour certaines, je n'ai pas réussi à me projeter complètement dedans. En tout cas, ce roman laisse planer pas mal de doutes qui me donnent évidemment envie de lire le tome suivant, en espérant voir les questions que je me pose résolues - notamment le rôle de l'Assemblée, institution plusieurs fois évoquée mais jamais développée. 

L'atout de ce livre est avant tout ses personnages. Chacun est doté d'un pouvoir unique rattaché à leur personnalité, et les deux sont intéressants à étudier. Certains personnages sont plus complexes que d'autres à comprendre, et tout d'abord les frère et sœur Noavek. Ryzek et Cyra semblent d'abord bien assortis, mais ils sont en réalité opposés. L'émancipation de Cyra par rapport à Ryzek est progressive, et pendant un temps pas totale, ce qui se traduit dans ses choix. Ajoutée à son pouvoir, cette hésitation exprime la grande souffrance du personnage, qui se communique volontiers au lecteur. En même temps, Cyra n'en inspire pas pour autant de la pitié car elle n'est pas faible : elle fait tout pour se battre, ce qui m'a rendue encore plus sensible à son évolution. Ryzek en revanche est un personnage antipathique qui donne pas envie de s'attarder sur lui, du moins dans ce tome… il reste une part de mystère en lui qu'il serait intéressant de creuser par la suite, derrière la peur qu'il inspire : ses motivations. Perçu des points de Cyra et de Akos, aucun ne fournit une véritable photographie de sa personnalité, d'autant que l'on apprend qu'il est le seul à connaître certaines informations. Akos est beaucoup moins complexe, mais tout aussi émouvant -par contraste avec la complexité de Cyra ?- : dès le début, on sait que sa motivation première sera de sauver son frère, et il ne quitte pas cette ligne. Sa loyauté est probablement une de ses plus grandes qualités et, même s'il est décrit avec un physique impressionnant, c'est sa sensibilité qui m'a touchée, et notamment ses attentions envers Cyra. A bien y réfléchir, il apparaît peut-être plus plat que les autres personnages, mais peut-être que la suite des événements va révéler autre chose chez lui ? Parmi les autres personnages plus secondaires, aucun ne m'a autant marqué que ces trois personnages principaux ; peut-être la mère de Akos et Eijeh a-t-elle plus attiré mon attention, car je ne lui fais pas confiance, et, encore une fois, c'est cette part de mystère qui intrigue le lecteur. 

En bref, si cette lecture était mal partie, elle s'est révélée très intéressante, et je suis curieuse de lire la suite. L'univers est très riche et, si cette densité peut effrayer au début, il vaut la peine de s'accrocher tellement il est bien travaillé, complété par des personnages qui intriguent et émeuvent. L'intrigue développée appelle à une suite  qui permettra de répondre certaines questions que le lecteur se pose. Un retour sur la scène réussi pour Veronica Roth ! 

PS : ne pas chercher à comparer ce roman de fantasy avec la saga dystopique Divergente


EDIT (après relecture en VO) : ce roman est assez accessible en anglais : pas autant que Divergent, mais largement plus que la plupart des romans de fantasy. J'adore le style de Veronica Roth, et cela a été un plaisir de découvrir le texte original, même si la traduction est bien réalisée.



2 commentaires:

  1. J'ai FAILLI l'acheter ! (pour finalement jeter mon dévolu sur le labyrinthe...)
    La couverture m'a interpellée, mais après quelques minutes j'avais un peu peur de me jeter à l'aveuglette, juste pour une première page qui tape à l’œil :)

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    1. Je trouve également la première page sublime et attirante, mais le contenu de ce livre, aussi bien l'univers que les personnages, est envoûtant, et l'intrigue haletante.
      Ce livre est bien meilleur que Le labyrinthe à mon avis !

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